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Libération
Critique

«Frigo», huis clos bien givré.

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publié le 18 septembre 2003 à 1h02

On est tout d'abord conduit dans une boîte, minuscule salle de projection pour une vingtaine de personnes. Là, Gilles Pastor, metteur en scène installé à Lyon, projette un film d'une quinzaine de minutes : on y voit son grand-père maternel, puis la soeur aînée de l'ancêtre. En capturant ces images, Gilles Pastor ne savait pas qu'elles serviraient de prologue au Frigo de Copi, présenté en ce moment à la Villa Gillet, qui aime toujours autant proposer des curiosités, jamais vaines toutefois.

Trou à rats. Confinée est un mot bien léger pour définir l'atmosphère qui règne dans ce salon hermétiquement clos où rien ne parvient de l'extérieur, pas même les voix des interviewés. Car elles sont doublées par des extraits du texte de l'auteur argentin, arrivé en France en 1963 et mort en 1987, à 48 ans, du sida. Le metteur en scène complexifie même le propos visuel en opposant aux figures des vieux, plutôt jaunies, quelques chairs roses de bambins promis, eux aussi, au sacrifice sur l'autel du monde âcre et revanchard. On sort de là un peu groggy, certain que cela ne va pas s'arranger et que le rire sarcastique ne nous laissera pas de répit.

C'est exact. Dès l'arrivée dans la boîte de nuit du Dix-Club, arrangée dans la villa bourgeoise de la Croix-Rousse, on est pris par le dispositif. Un frigo a éventré la scène, déposé sans doute à l'arraché, comme si le livreur n'avait pas souhaité s'attarder trop dans ce qui n'est qu'un trou à rats. Disposés de part et d'autre d'un couloir central pa