Quinze ans après Antoine Vitez, le metteur en scène Olivier Py est parti à l'assaut de l'intégrale du Soulier de satin de Paul Claudel. Créée au début de l'année au Centre dramatique national d'Orléans, qu'il dirige (Libération du 22 mars), cette épopée au long cours onze heures de spectacle est reprise à partir de ce week-end au Théâtre de la Ville à Paris. Olivier Py et ses vingt comédiens, dont Philippe Girard (Rodrigue) et Jeanne Balibar (Prouhèze), passent naturellement du tragique au burlesque et font entendre, dans un décor nocturne et fluide, les secrets et les contradictions d'un Claudel brassant allégrement tous les genres. Entretien avec Olivier Py.
Avez-vous modifié le spectacle depuis sa création ?
J'ai essayé de continuer à travailler sur les contrastes. Faire que la farce soit encore plus drôle et que, sans transition, les grandes scènes lyriques soient encore plus wagnériennes. C'est dans ces contrastes que Claudel est sublime, que se situe sa véritable vision du monde. On a tendance à oublier que c'était un homme qui aimait beaucoup rire. A Orléans, bien de gens ont cru que j'avais ajouté des blagues et des chansonnettes, alors que, bien sûr, tout est de lui. On peut même dire que la vérité du Soulier est là. Il ne s'agit pas de mettre du trivial dans du sublime ou l'inverse, mais d'aller au bout de l'un et de l'autre. Si Claudel a pu pousser aussi loin le lyrisme, c'est peut-être parce que le Soulier est la seule pièce où il ne se prend pas au sérieux.
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