envoyée spéciale à Vienne
Fin des années 90, la scène électronique autrichienne est en pleine ébullition. Et si l'indolent «son de Vienne» (Kruder et Dorfmeister) figure la partie émergée de l'iceberg, le courant expérimental autour du cérébral label Mego se montre particulièrement radical. Dans son sillage s'affirme une étonnante scène visuelle, l'Austrian abstracts, animée par des artistes-programmeurs travaillant en symbiose avec les musiciens. Une génération «digitale», née dans les années 70, pour qui manipuler l'ordinateur est une seconde nature et qui passe sans effort d'une discipline à l'autre.
Graphisme des pochettes d'albums, sites web ou vidéo, ils imposent un style minimal et géométrique, influencé par le constructivisme des années 20, le design contemporain, le cinéma expérimental ou la culture clip, lors de lives entre sons et images. Prenant à rebours le photoréalisme, ils s'attachent à inventer un univers visuel plus proche du langage mathématique de l'ordinateur.
Equilibre. Dans Abstraction Now à Vienne, on retrouve aux côtés d'artistes internationaux des Autrichiens comme Tina Frank, Dextro, lia ou ReMI, plus habitués aux dance-floors qu'au parquet des salles d'expos. «L'idée était de présenter les tendances actuelles de l'art abstrait en privilégiant l'interdisciplinarité», avance son commissaire, Norbert Pfaffenbichler, lui-même artiste et auteur de vidéos pour Christian Fennesz, figure de la techno expérimentale. D'où un strict équilibre entre la vidéo (tr