«Je n'ai jamais été qu'un spectateur», disait Edouard Vuillard (1868-1940), dont l'oeuvre est montrée sous un jour nouveau dans une passionnante exposition qui commence jeudi au Grand Palais. Montée par le Français Guy Cogeval, directeur du musée des Beaux-Arts de Montréal, cette monographie ouvre un autre regard sur le peintre, rendu possible par l'ouverture des archives de la famille Salomon, héritière des carnets de l'artiste.
Que Vuillard peigne son entourage, qu'il se mêle au groupe «nabi» ou qu'il livre des panneaux décoratifs ou des portraits de commande à la bourgeoisie éclairée, il suit toujours son propre cheminement. Au lycée Condorcet, Vuillard a rencontré Maurice Denis, qui écrira cette phrase-manifeste, à vingt ans : «Avant d'être une femme nue ou une quelconque anecdote, se rappeler qu'un tableau est essentiellement une surface plane de couleurs en un certain ordre assemblées.» Vuillard se lie d'une profonde et durable amitié à un autre peintre, Kerr-Xavier Roussel, qu'il se débrouillera pour marier à sa soeur Marie. Quatrième de la bande de Condorcet, Aurélien Lugné-Poe se vouera au théâtre. Il fournira ses premières commandes à Vuillard qui va se consacrer à des décors et affiches. La section de l'exposition consacrée au théâtre, qui vit alors une véritable révolution avec l'irruption du symbolisme, est particulièrement spectaculaire. Ce qu'entend montrer Guy Cogeval, c'est que Vuillard ne quittera plus cet art de la mise en scène qui organisera sa propre pei