On ne prend pas le même, mais à Beaubourg, ça recommence. Après Roland Barthes, voici aujourd'hui Jean Cocteau, sa vie, son oeuvre (1). Autant dire le retour du genre biographique, vieux machin dont on pensait pourtant que, après avoir infecté toutes ou partie de nos études littéraires, il n'allait pas s'inviter dans le spectacle des expositions artistiques. On pourrait, au passage, trouver des explications socio-politico-esthétiques à ce regain, la toute puissance du chantage au «vécu» faisant tous les soirs les bonnes oeuvres de TF1 et de ses clones, publiques ou privés. Sans réanimer l'adage deleuzien selon lequel les anecdotes de la vie valent bien les aphorismes de la pensée, il peut parfois exister une pertinence dans la monomanie monographique. «Sa vie-son oeuvre», pourquoi pas, à condition qu'il y ait une oeuvre : à quelques pas de là, l'exposition Vuillard (Libération de mardi), qui ouvre aujourd'hui aussi, valide cette option. Pour Jean Cocteau (1889-1963), c'est une autre paire de man ches (de chemise).
Enumération. A l'instar du fameux passe-partout («Cocteau, le touche-à-tout sublime»), l'exposition touche à tout. Dessins, écrits, lettres, envois, photogrammes, décors et costumes, musiques, films, pornographies, portraits, autoportraits, gribouillages, etc., ont été rassemblés et organisés en un album de sections thématiques : «poésie», «parades», «coïncidences», «l'homme invisible», «Cocteau s'évade», «l'homme se retourne», «lignes de vie», «éternel retour», «so