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Critique

«Salomé» sauvée par la voix de Karita

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publié le 25 septembre 2003 à 1h07

Premier triomphe de Richard Strauss, Salomé a été présenté à l'Opéra de Paris en 1910 et, entre Wieland Wagner, Jorge Lavelli ou André Engel, a bénéficié, jusqu'en 1994, de metteurs en scène prestigieux dans cette maison. Cette saison, c'est Lev Dodin qui était invité à monter une production dont l'attrait premier reste la soprano Karita Mattila, mémorable Jenufa au Châtelet il y a quelques mois.

Arcs de tension. On avait pu toucher les limites de metteur en scène de Dodin dans le Démon de Rubinstein, également au Châtelet, la saison dernière. Elles se sont confirmées lundi à Bastille. Fort de décors et de costumes somptueusement stylisés, signés David Borovsky, et d'une dramaturgie de lumières réalisée par Jean Kalman, Dodin se contente de gérer un minimum d'actions scéniques. Bien sûr, la magie des grands arbres, d'un escalier à la Wilson, de ce ciel passant du pourpre à un jaune irréel, font effet. Mais pour entrer dans la sauvagerie, on ne peut compter que sur l'orchestre et le plateau vocal, pour le coup très solide.

Dans la fosse, l'orchestre est en forme ; James Conlon, engagé pour la circonstance, parvient à créer les arcs de tension à partir desquels progresse la partition, et à rendre justice à la luxuriante polyphonie straussienne. Annoncé souffrant, le fameux wagnérien Falk Struckman surprend par son Jochanaan terrassant d'autorité du timbre et de rondeur d'émission. Chris Merrit, fameux Lépreux dans Saint François, est un Hérode déchaîné aux côtés de la Julia Juon