Menu
Libération

Jacques Duvall, le talent à la parole

Article réservé aux abonnés
Il trempe la Bibliothèque rose dans la nitroglycérine, avec Lio ou Chamfort.
publié le 27 septembre 2003 à 1h08

Longue silhouette au visage fin d'oiseau, Jacques Duvall cultive l'art des pseudonymes avec une distance ambiguë. Au début, en 1979, il emprunte le nom d'Inger Asten à l'héroïne d'un bouquin chez Marabout : quelques chansons pour l'égérie transsexuelle Marie-France ou The Runaways (un groupe de filles avec Joan Jett). A l'heure de trousser le tube lubrique Banana Split pour Lio, il devient Hagen Dierks, le personnage masculin du livre d'horreur. Le succès l'amènera à s'effacer derrière un chic frenchy génialement banal. «Dans une scène de l'Homme au bras d'or, Frank Sinatra dit à Kim Nowak : "Quand je serai connu, je prendrai un nom classe, du genre : Jacques Duvall !"»

Axe de prédilection. Etabli à Bruxelles, le parolier (et chanteur occasionnel ­ Je te hais, version française de Ti Amo) joue depuis vingt-cinq ans sur le registre ambivalent d'un cynisme trempant la Bibliothèque rose de nitroglycérine. Cela donne, chez cet admirateur du Velvet, d'exquises ritournelles yé-yé pop à tiroirs pervers ­ Clara veut la lune et sa double lecture. Malgré ses hits (Banana Split, Les brunes comptent pas pour des prunes), Jacques Duvall compte peu de collaborations : «Je suis fondamentalement un fainéant. C'est une nature que je ne me suis jamais forcé à combattre.» Revendiquant l'ennui comme autre luxe indispensable à la création, il avoue ne s'être jamais posé à une table de travail. «Enfant, je réécrivais les chansons que j'aimais bien. Ça continue. J'écoute trois ou quatre fois une mu