En mai dernier, Krystian Lupa a eu 60 ans. A cette occasion, Cracovie avait organisé un festival. En trois semaines, sept de ses spectacles ont été joués sur la Sena Kameralna de la rue Starowislna, un ancien cinéma où Lupa est comme chez lui. Un colloque a réuni les meilleurs spécialistes polonais de son oeuvre, tandis qu'était projeté un film consacré à ses années de jeunesse au théâtre de Gélenia Gora. Enfin, sont parus un volume d'entretiens et Utopie 2, deux volumes réunissant des textes de Lupa, consacrés ou pas au théâtre Lupa écrit tout le temps.
La question de l'écriture est au centre de son adaptation diabolique du livre de Boulgakov, le Maître et Marguerite, un spectacle de huit heures, une immersion comme Lupa les aime, mais aussi un spectacle de rupture. Lupa s'est rendu en Russie, il a aussi travaillé à Paris au moment de la venue des Frères Karamazov à l'Odéon. Ce périple en forme de voyage initiatique semble un chapitre additif au roman même de Boulgakov. «Il y a d'abord eu le voyage en train, de Varsovie à Moscou, raconte-t-il. L'absurdité des paysages, l'impression de traverser un vaste dépôt d'ordures, des usines dont on se demandait si elles étaient en activité ou en construction. On a vu à la télévision un documentaire sur un ancien kolkhoze devenu une sorte de site sauvage où les hommes perdent leurs repères. Il y avait là une femme qui a raconté sa vie en pleurant et puis, d'un seul coup, elle s'est mise à chanter des chansons obscènes. Et pendant qu'