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Libération

Robert Palmer, fin d'un dandy colonial

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Consacré par la pub, le charmeur funk blanc anglais est mort à Paris, à 54 ans.
publié le 27 septembre 2003 à 1h08

Ses deux plus gros succès sont des classiques de la... publicité. Le premier, Every Kinda People, servant de support funky à une campagne de promotion universelle en faveur de la bière Heineken ; le second, Johnny And Mary, illustrant des images de réclames en faveur des automobiles Renault. Robert Palmer était d'ailleurs conscient de l'ironie de cette situation, lui qui avait entamé sa vie professionnelle comme illustrateur, sous l'influence conjuguée de Man Ray et Edward Hopper. «Je ne tiens pas à devenir une star», avait-il coutume de répéter. Ajoutant malicieusement : «De toute façon, je n'ai aucune chance, je ne suis ni idole des jeunes ni drogué.»

Fils d'un militaire attaché à la Navy, Robert Palmer était en fait un esthète. Dandy colonial nourri de musique noire à une époque où la majorité de ses compatriotes anglais ne juraient encore que par Cliff Richard, les Shadows ou le skiffle. «Une horreur, disait-il, pour moi le vrai rock, c'était ce qu'on appelait soul music. Si j'ai toujours porté des costumes sur scène, c'est en hommage à ces musiciens que je révérais. Nat "King" Cole et Otis Redding ne s'affichaient pas en jean et blouson de cuir, que je sache.»

«Fluidité décorative». Cette passion pour la distinction noire a vu le jour à Malte, où Robert Palmer, natif du Hampshire, a vécu jusqu'à l'âge de 12 ans. «Mes parents écoutaient des bandes magnétiques de Lena Horne et de Billie Holiday, expliquait ce gentleman des îles, de sorte que je n'avais pas la moindre idée d