Le «Baghdad» du titre n'est pas celui de l'actualité. Le film nous ramène un demi-siècle en arrière pour une leçon d'histoire vivante et chaleureuse. Quant au binôme «Juifs et Arabes», il prend ici valeur singulière. Le sujet de ce documentaire, qui parle autant d'Israël que de l'Irak, c'est la double identité. Et aussi : l'exil, l'apprentissage obligé d'une langue nouvelle, l'écartèlement entre des fidélités contradictoires et les discriminations internes à la citoyenneté israélienne... Tous sujets débattus à travers l'expérience et la mémoire de quatre intellectuels (dont l'écrivain Sami Michael), juifs d'Irak, communistes et antisionistes, arrivés en Israël dans les années 50.
Statut officiel. Cas de figure tiré par les cheveux ? Beaucoup moins qu'on ne le croie. Sur les 140 000 juifs d'Irak, 120 000 ont trouvé refuge en Israël, explique Samir, le réalisateur, avec un doux accent suisse. Zurichois, il est lui-même issu d'une famille irakienne d'origine musulmane. C'est son père qui lui parla, le premier, «de ses camarades juifs au sein du parti communiste irakien».
«En Irak j'étais Arabe, ici je suis Juif», pose Moshe Houri, l'un des quatre interviewés, en précisant aussitôt : «Je parle de nationalité, pas de religion : j'étais déjà juif en Irak.» Néanmoins, ce statut officiel, faussement carré, est battu en brèche par l'intolérance culturelle : «Nous étions juifs en Irak, nous sommes arabes en Israël», soupiraient les parents d'Ella Habiba Shoat, autre participante du film