Agé de 48 ans, issu d'une famille irakienne de culture chiite, Samir est aujourd'hui suisse. Réalisateur d'une cinquantaine de documentaires ou de fictions TV, il poursuit avec Forget Baghdad une thématique plus personnelle, amorcée dans Babylone II en 1993.
Vous signez simplement Samir, comme pour «Babylon II» ?
C'est un prénom pré-islamique qui, en arabe, signifie «celui qui raconte des histoires devant le feu de la tribu, la nuit». Pour un réalisateur, je trouve ça prédestiné ! Dans Babylon II, à travers la musique hip hop électronique, j'abordais la situation, en Suisse, des immigrés de la deuxième génération, comme moi. Dans Forget Baghdad j'ai voulu rendre hommage à la génération de mon père. Il me parlait souvent de «ses camarades juifs du parti communiste irakien». L'engagement communiste, en Irak, avait un sens particulier : ils croyaient au progrès social, au laïcisme moderne... Dans mon esprit, ces deux films sont les deux premiers volets d'une trilogie : je voudrais consacrer le troisième, plus tard, à l'éclatement de notre famille à travers le monde.
Comment vous êtes-vous fixé sur ces quatre écrivains?
Nous avons tourné avant l'Intifada. J'étais parti d'une liste d'une quarantaine de noms et j'ai rencontré une quinzaine de personnes. Aucune n'avait connu mon père, malheureusement. Mais, en me centrant sur Shimon, Moshe, Sami et Samir, je réunissais des intellectuels qui savent s'exprimer, et qui représentaient une palette de caractères et de trajets nettement disti