Menu
Libération
Critique

Le duo destroy de Winter et Bogue

Article réservé aux abonnés
publié le 6 octobre 2003 à 1h15

Guitares crades, synthés vintage et rythmiques dénudées : le tandem loufoque Thomas Winter et Bogue rappelle les élans des Rita Mitsouko à l'orée de Marcia Baila. Un je-m'en-foutisme qui donne à la chanson son parfum de soufre, mais ne saurait masquer une écriture à l'arraché : «Il faut creuser la terre, il faut tuer la mort/ Nos corps chialent misère, transpirant de remords.» Cela suffit déjà à ce qu'on s'y penche. Vive, intense, l'inspiration vient parfois, même foireuse, à la rencontre des mélodies, pliées en trois accords sur un mouvement disco-punk par Nico Bogue.

Foutoir. Carcassonnais, le guitariste multi-instrumentiste a quitté la fac pour échouer à Paris dans divers groupes. C'est par le réseau versaillais d'Air et Phoenix que l'espiègle croise un jour le grand brun à la dégaine destroy. «Je suis le balayeur des parcs et jardins/ C'est ma richesse, mes amours, mes chagrins/ Ma rédemption à ça, j'y tiens.» Il jardine le jour pour la Ville de Paris et couche, à l'ouverture des bars, des poèmes sans métrique. A 31 ans, père d'un petit garçon, Thomas Winter a déjà une vie en foutoir derrière lui. Né en région parisienne d'une aide-soignante et d'un marin, il suivra le baroudeur dans ses escapades. Attaché culturel à l'ambassade du Canada, chauffeur de bus à Caracas, son père tient aujourd'hui un kiosque à journaux près des Tuileries.

C'est à Ottawa que l'adolescent de Pigalle découvre l'univers des bikers et des tatouages. De retour à Paris, il se couvre le corps de toile