L'affaire Dreyfus va enfin entrer au musée de l'Armée. Dans ce haut lieu de la tradition militaire, une «séquence cinématographique» de trois minutes présentera bientôt l'«Affaire», longtemps taboue dans cet univers. Ce sera l'une des nouveautés les plus chargées de sens de la vaste réorganisation du musée de l'Armée qui vient d'être lancée à Paris (1).
Message brouillé. Entrepris en septembre, le «projet Athena II» durera jusqu'en 2009. «De musée de l'objet militaire, nous voulons devenir un musée d'histoire, résume son ancien directeur (2), le général Bernard Devaux. Mais que pouvons-nous raconter ? Dans notre pays, il n'y a pas d'histoire officielle», reconnaît-il. «Nous allons procéder à une relecture de nos collections», précise Jean-Pierre Reverseau, le conservateur général chargé du projet, qui avoue que «le message était devenu un peu brouillé».
Le succès du musée ne se dément pourtant guère. Avec environ un million d'entrées chaque année, il se situe au troisième ou quatrième rang des musées parisiens les plus visités. «Quatre-vingt-deux pour cent des visiteurs sont des étrangers. Notre principal produit d'appel reste quand même le tombeau de Napoléon !», précise le général Devaux.
Créé en 1905 aux Invalides, le musée commençait pourtant à accuser son âge. La réorganisation, réalisée en 2000, des salles «Deuxième Guerre mondiale» a été une première étape de son rajeunissement, couronnée de succès (Libération du 17 juin 2000). L'ensemble (11 500 m2) va maintenant être r