Berlin de notre correspondante
Sa photo est sortie partout. Une jeune fille qui vous fixe droit dans les yeux en sirotant un cocktail. 22 ans, groupie du groupe punk russe BANDerlogi, Irina, de Saint-Pétersbourg, raconte, en récits laconiques, la vie zonarde des ados russes. A l'occasion de la Foire du livre de Francfort, l'éditeur allemand S. Fischer aurait pu choisir un écrivain plus sage. Il a préféré sacrer Irina Denezkina star de la nouvelle littérature russe.
Inaugurée aujourd'hui, la Foire du livre met cette année à l'honneur la Russie. L'occasion de donner un coup de projecteur sur la production de ce pays. Et pas seulement les têtes d'affiche Andrei Kourkov, Viktor Pelevine ou Vladimir Sorokine. «Après la chute du Mur, on avait envie de lire les auteurs de l'Ouest», raconte Dietrich Simon, ancien éditeur de la maison est-allemande Volk & Welt, recyclé dans la fondation S. Fischer. «Francfort va permettre de normaliser nos relations avec les auteurs russes contemporains, en renouant des liens anciens, estime Dietrich Simon. Pouchkine, Tolstoï, Gogol : pour la littérature allemande, aucune autre littérature n'a été aussi importante que la russe.»
Il suffit de regarder les affiches de théâtre berlinois. Frank Castorff emplit la Volksbühne avec ses adaptations de Dostoïevski ou de Boulgakov. «Dans les années 20, les vies littéraires russe et allemande se confondaient», narre Fritz Mierau, dans un ouvrage sur les Russes à Berlin qui fut la capitale des réfugiés en transit v