Le Mans envoyée spéciale
«Le mot squaw n'existe pas dans notre langue. Entre nous, on parle de "cet affreux mot qui commence par s". Pour désigner une femme, notre peuple n'a qu'un mot, respectueux, l'équivalent de lady.» Darnell Rides At the Door, indienne blackfeet, tresses brunes, robe longue à fleurs et bracelet en turquoise, a séduit l'assistance : rires et complicités sous le petit chapiteau, qui accueille la 25e Heure du Mans, le festival consacré ce week-end aux Amérindiens, en marge du Salon du livre de la ville. Les débats («La place des femmes dans le monde indien», «La sauvegarde des cultures tribales»...) et les lectures des textes de jeunes écrivains ont dépoussiéré l'image des Indiens véhiculée par Hollywood. Au risque de décevoir : «J'ai dû expliquer ce matin à des enfants que nous ne vivons plus sous les tipis qu'ils voient sur les photos exposées ici», confie Cynthia Kipp, Blackfeet de la réserve de Rosebud.
Refus de l'unicité. Au Mans, la mythologie western a laissé place aux témoignages d'une vingtaine de délégués de tribus: écrivains, historiens et chanteurs traditionnels, réunis grâce à Francis Geffard, le fondateur de la collection «Terre indienne» chez Albin Michel, «passeur» de la culture indienne. Et les stéréotypes, comme celui de l'unicité du peuple indien, ont été mis à mal. Ainsi, la tentative de définition des réserves a souligné la diversité des destinées des tribus. Pour Greg Sarris, 41 ans, écrivain, chef de la tribu des Pomos (Californie), qu