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Libération

Béranger pose sa boîte à outils

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Chanteur emblématique de nos années 70, il est mort hier à 66 ans.
publié le 15 octobre 2003 à 1h23

François Béranger, auteur-compositeur-interprète d'une quinzaine d'albums en trente ans de carrière, est mort hier d'un cancer à l'âge de 66 ans. Il était un peu le chaînon manquant entre Aristide Bruant (dont il reprit A la Goutte-d'Or sur son premier disque), qu'il admirait, et Renaud, dont il dira : «Disons qu'il a raflé la mise avec une génération particulière. Il y a des emprunts tellement énormes que ça fait marrer, mais ça ne me rend pas amer pour autant» (Libération du 17 novembre 1997). Plus que chansonnier, tel son illustre homonyme, Béranger était un chanteur ouvrier, un autodidacte de la rime, qui se nourrissait et de l'aspiration à vouloir vivre mieux, et des injustices.

Engagement. Il nous rappelle cette grève d'OS (ouvriers spécialisés) à Renault Flins en 1973, grève cul-de-sac perdue d'avance, où ceux qui avaient posé les glingues (outils) reprenaient en choeur Tranche de vie de François Béranger, son «tube», dont les paroles, datant de 1970, étaient plus connues que celles de l'Internationale. Dans les rangs clairsemés, il se disait que ce Béranger-là était un ancien de chez Renault (Billancourt). Un gars d'chez nous qui aurait réussi, quoi. La vraie rencontre se fit un peu plus tard, ailleurs, à l'occasion de deux galas de soutien pour un quotidien balbutiant du nom de Libération, que le chanteur contribua à viabiliser (comme le firent également Léo Ferré, Captain Beefheart, Bernard Lavilliers ou Eddy Mitchell).

Ce libertaire impénitent n'a eu de cesse d'affi