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Libération
Critique

José Carbajal, douleurs d'Uruguay.

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publié le 17 octobre 2003 à 1h25

Moustache au vent, l'Uruguayen José Carbajal s'apprête à chanter de nouveau en France, où il a passé quatre années de son exil. Chassé par un régime militaire, il a successivement vécu en Argentine, en Espagne, aux Pays-Bas, au Mexique. De 1975 à 1979, il a posé sa guitare et ses valises à Paris, à une époque où la capitale est un carrefour d'exilés d'Amérique latine : Argentins, Chiliens, Brésiliens, Uruguayens... «Je garde le souvenir du soutien de la population française. Nous parcourions le pays, à la demande des réseaux de solidarité avec les prisonniers politiques.»

Né en 1944, Carbajal grandit dans une famille ouvrière qui aimait chanter et jouer de la guitare. «J'ai commencé l'usine à 14 ans. Ma formation vient donc en grande partie du syndicalisme.» Dans les années 60, l'Uruguay est sous l'influence du modèle argentin, où le folklore a rejoint la chanson sociale, et du rock anglo-saxon, qu'on appelle beat. En 1967, il publie son premier 45 tours, avec la chanson El Sabalero, qui évoque le vie des pêcheurs de sabalos (aloses) de son village. Ce premier succès lui vaudra son surnom. Deux ans plus tard, Chiquillada («enfantillages») étend son audience. Il y chante les enfants pauvres s'inventant des jouets de fortune. Mais ses chansons engagées lui valent des démêlés avec la censure, puis la prison.

Comme lui, de nombreux militants de gauche ne doivent leur salut qu'à l'exil. Tel son ami Alfredo Zitarrosa, figure tutélaire de la chanson uruguayenne. «Il est mort peu aprè