Monsieur Jourdain est-il un artiste ? Oui, répond un avocat le 10 octobre dans Libération. Il analyse le cas de Georges Lopez. L'instituteur aux champs du documentaire Etre et avoir exige d'avoir pour être. Il veut être reconnu en espèces. On pourrait lui rappeler une phrase de La Bruyère : «Un honnête homme se paye par ses mains de l'application qu'il a à son devoir par le plaisir qu'il sent à le faire, et se désintéresse sur les éloges, l'estime et la reconnaissance qui lui manquent quelquefois.» Mais ce serait injuste. Si La Bruyère éprouve le besoin d'écrire ce noble principe, c'est bien parce qu'il s'agit déjà en son temps d'un voeu pieux. D'ailleurs, avec son affreuse répétition des «par», sa phrase est gênée : elle brutalise la langue comme si elle avait du mal à croire en ce qu'elle énonce. En fait, il y a peu d'honnêtes hommes. La plupart veulent être reconnus et ne le sont jamais trop. A la cour, cette reconnaissance passait par le regard (et les privilèges) des Grands et du Roi. En démocratie télé-financière, elle a besoin des regards de la foule et des caresses de la banque. Là où l'argent s'impose, le droit règne. Selon l'avocat, «monsieur Lopez est un monsieur Jourdain qui faisait une oeuvre sans le savoir». Juridiquement, il serait donc auteur ; et humainement, artiste : intermittent du spectacle (doit-on le lui souhaiter ?). Monsieur Jourdain, lui, faisait de la prose sans le savoir. Acte II, scène IV du Bourgeois gentilhomme : «Quoi, quand je dis : "Nicole,
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