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Libération

Maison d'arrêt d'essais.

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A l'occasion de Lire en fête, retour sur une année d'ateliers de lecture et d'écriture à la prison de Villepinte.
publié le 18 octobre 2003 à 1h26

Ce week-end, l'opération Lire en fête (quinzième édition) tente de se frayer un chemin jusque derrière les barreaux. Pas simple, mais providentiel parfois. A la maison d'arrêt de Villepinte, séance de lecture entre détenus : des lettres que les prisonniers se sont envoyées à eux-mêmes, qu'ils auraient rêvé de recevoir, qu'ils n'ont pas reçues. Qu'ils ont donc inventées.

Avec sept autres détenus, Marco a suivi cette année les ateliers organisés par la compagnie Issue de secours. Deux séances de trois heures par semaine. Le travail sur la «lettre idéale» a dérivé vers des textes intimes ou oniriques. «Il continua sa route en rampant dans le sable chaud du désert, écrit Marco. Qui sera patient sera content, se dit-il.» Cet homme de 45 ans, qui sortira peut-être en janvier, met des mots sur sa traversée du désert carcéral. Ce n'est pas sa première. Celle-ci aura duré près de trois ans.

Roulement. Nous en parlons dans la bibliothèque de la maison d'arrêt, calme et lumineuse. Marco en est le «patron». Il voit défiler les détenus qui lisent (400 sur 760), pas forcément Proust. Ils se succèdent par roulement, une fois tous les quinze jours. Sept livres maximum par personne. Sinon, on peut feuilleter des revues sur place. Marco a liquidé le rayon SF (150 ouvrages), le reste ne l'intéresse pas.

Il en parle bien, de la complexité du rapport dehors/dedans, du danger d'imaginer ce que sera la vie en sortant («on se trompe toujours»), de la confusion qu'apporte l'enfermement («ces mille truc