Menu
Libération
Critique

Sobel en bataille et sur deux fronts

Article réservé aux abonnés
publié le 20 octobre 2003 à 1h26

«Tableau pliant formé de deux volets pouvant se rabattre l'un sur l'autre»: cette définition du diptyque s'applique bien à la soirée que propose Bernard Sobel à Gennevilliers: pas seulement un spectacle en deux parties (une pièce chinoise du XIIIe siècle et les Sept contre Thèbes,d'Eschyle), mais, pour le public, la sensation de basculer d'un volet à l'autre.

Assis dans une salle pendant la représentation du Seigneur Guan va au banquet, les spectateurs sont invités à traverser le plateau pour assister aux Sept contre Thèbes, dans l'autre salle, frôlant au passage un cheval mort comme pour marquer que les pièces se situent en bordure d'une bataille. Sobel utilise ainsi à fond la disposition de son théâtre, où un double plateau sépare les salles en vis-à-vis. La scénographe Titina Maselli amplifie le basculement: à peine vient-on de s'installer pour suivre les Sept contre Thèbes que le fond de la salle se soulève jusqu'à se transformer en plafond de fauteuils vides, comme si le théâtre était une sphère, l'image du monde en train de tourner. Les corps des comédiens subissant pour leur part d'autres retournements: couchés et statiques pour le Seigneur Guan va au banquet, ils s'élèvent à la verticale pour les Sept contre Thèbes, avec le choeur des vierges accroché à des tubulures de chaque côté.

Quel rapport entre les deux textes? La bataille, on l'a dit, ou plutôt son récit, ou encore le récit d'une bataille qui empêche une bataille plus grande d'advenir. Ce que Sobel nomme «l'art