A Bruxelles, lors d'un précédent épisode, un bébé hurlait plus d'une minute sur scène. Certains s'en étaient émus : le bébé était vrai et même si les cris provenaient d'une bande son, les bornes de l'acceptable semblaient franchies.
Le chapitre six de la Tragedia endogonidia («endogonade» : particularité qu'ont les êtres simples de se reproduire à l'infini par séparation d'eux-mêmes) imaginé par Romeo Castellucci, donné aux Ateliers Berthier de l'Odéon, ne provoquera pas autant de polémiques. Tout en agaçant du monde : ainsi les maniaques de l'automobile n'apprécieront guère la désinvolture du traitement infligé à trois modèles ; les amis de la race chevaline regretteront que les deux spécimens présents sur le plateau n'exhibent que leurs postérieurs ; et les mélomanes la trouveront saumâtre : l'orchestre (six violons, deux trompettes, deux violoncelles) n'est pas là pour jouer. D'autres images feront lever des sourcils, ainsi l'homme égorgé sur la machine à laver, la nourrice malaxant inlassablement des seins aussi lourds que taris, ou le jeune homme nu dans ses langes faisant pipi dans une éprouvette.
C'est le propre des spectacles de Romeo Castellucci : ils sont plus «choquants» à raconter qu'à regarder. Le fondateur de la Societas Raffaello Sanzio, originaire de Cesena en Emilie-Romagne, a toujours exploré des territoires interdits, n'hésitant pas à travailler avec des comédiens très âgés ou mutilés, à utiliser leurs handicaps comme ressorts dramatiques. Mais il serait abs