Il faut se faire à l'idée que les jeunes générations sont pacifistes à l'échelle du monde et gourmandes de violence à l'échelle du jeu. C'est sur ce point que s'aveuglent les inquisiteurs traditionnels du jeu vidéo, ceux qui le combattent d'un point de vue moral. Ils manquent leur cible parce qu'ils la regardent de travers, pour ne pas dire à l'envers. Sur la violence virtuelle, ceux qu'ils accablent sont infiniment mieux instruits qu'eux : plus d'expertise, plus de maîtrise. Et sans doute aussi plus de sagesse politique : ils sont les mieux placés pour faire la distinction entre les simulations de puissance héroïque hypertrophiée dont le jeu les amuse et la réalité des violences concrètes ou symboliques dont le «vrai monde» leur renvoie le spectacle quotidien. Il faudrait les consulter plus souvent sur ce sujet : ce qu'un gamer pourrait dire de la guerre d'Irak serait plus frais que les banalités entendues à longueur de talks sur LCI.
Ce pourrait être un utile contre-feu aux stratégies pourries de l'armée américaine qui, elle, ne s'embarrasse pas de morale proposant aux joueurs de télécharger «gracieusement» des jeux inspirés de ses campagnes réelles (de conception indigente et d'exécution minable, soit dit en passant). Cela n'est qu'une forme actuelle de la propagande de l'armée américaine. Elle avait appelé Hollywood à la rescousse pour épauler son engagement dans la Seconde Guerre mondiale. Huston et Capra avaient enfilé un uniforme à leur caméra. On remarquera que c'étai