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Libération
Critique

L'Amnésia retient l'ennui

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publié le 24 octobre 2003 à 1h31

Une hôtesse, sans doute venue de Ryan Air, quelque chose dans les 52 ans, se déhanche sur la piste déserte. Elle pousse du bout de sa chaussure un mégot invisible. Puis rebondit sur l'autre pied, les bras en roue libre. Le laser signifiant un masque bantou glisse sur ses formes. Pas grand monde encore, à l'Amnésia, le club de Johnny dont Johnny ne détient que 5 % des parts (les autres sociétés actionnaires sont localisées au Luxembourg, à Tortola aux Iles Vierges et à Niue, un petit bout de terre dans le Pacifique).

Il est minuit et demi. Les faux palmiers, le carrelage tommettes d'Espagne et les murs immaculés sont du meilleur effet, même un peu froids. La boîte ressemble à un Macumba de province : un pack maori à l'entrée (une tonne à eux six), trois bars immenses pétris par la house que diffusent des enceintes masquées, et un public très varié, de 18 à 65 ans. Dans une interview à Paris Match, Johnny disait vouloir «une clientèle haut de gamme et branchée» et «une sélection sévère à l'entrée». Ce n'est pas encore le cas.

L'Amnésia, finalement, porte bien son nom. Du moins, c'est le voeu pieu que tout être normalement constitué formule au terme de quelques heures passées dans ce blockhaus de blanc perfusé. Une piste de danse au kilomètre, des boissons au kilomètre. De la star au kilomètre aussi. Mais ce soir-là, elles n'ont pas pu venir. Lors de l'inauguration, le parterre de célébrités avait tout d'un service de soins palliatifs : Catherine Lara assise aux côtés de Greg le