Menu
Libération

Le bleu Kacimi disparaît de la palette Terre

Article réservé aux abonnés
Le peintre marocain est mort lundi à l'âge de 61 ans.
publié le 29 octobre 2003 à 1h36

Plongés dans l'obscurité, ils étaient nombreux à attendre l'arrivée de son corps lundi soir devant sa maison de Temara, près de Rabat. Le peintre marocain Mohammed Kacimi, l'un des plus connus et des plus créatifs du monde arabe, venait de mourir à 61 ans des suites d'une grave hépatite. «J'avance, disait-il, jusqu'à ce que la figure, le corps dont je m'inspire et dont le tableau garde à peine la trace, devienne lui-même matière.»

Poèmes. Né en décembre 1942 dans une famille modeste de Meknès, ville impériale au proche voisinage des campagnes berbères, Kacimi découvre la peinture à 15 ans, avant que des études d'arabe littéraire lui donnent un goût de l'écriture ­ en particulier des poèmes ­ qui ne le quittera jamais. «Je suis le carrefour en éclatement ; entre l'histoire et moi il y a la mort ; je suis la somme des échos som bres éclatants», écrit-il, résumant une peinture en évolution constante mais aussi totalement obsessionnelle. Kacimi, en effet, n'a jamais cessé de sortir de son atelier, créant de grandes installations, faisant flotter à Marrakech des haïks teints avec les teinturiers du souk, déployant des étendards flottants à Harhoura. «Peindre les murs [il le fera à Asilah, Grenoble...], c'est déborder du tableau jusqu'à la rue, à la lumière.»

Faite de matières, dont il a trouvé le goût en arpentant la terre, et de couleurs fortes, à commencer par le fameux «bleu Kacimi», sa peinture ne s'est par ailleurs jamais départie d'un côté obsessionnel. Le dénominateur commun