C'est dans «la salle des pendus» du 11/19 que, pour Guy Alloucherie, tout a recommencé. En 1986, ce site minier du Pas-de-Calais, à deux pas de Lens, fermait. La ville de Loos-en-Gohelle sauva ce «haut lieu symbolique» en lieu de vie culturel et social réunissant trente communes du département, avec à sa tête Chantal Lamarre. C'est chez elle qu'Alloucherie, fils de mineur, reprit pied.
Au début des années 80, Eric Lacascade et Guy Alloucherie, enfants du Nord ouvrier, avaient fondé le Ballatum Théâtre, commençant leur périple en écumant les bars du coin avec Topor. Trouvant un havre à Liévin, ils avaient inventé un style de théâtre nerveux, fébrile, adolescent. Au fil des spectacles, qu'ils cosignaient ou pas, on commença à parler du Ballatum. Leurs chemins se séparèrent quand on leur proposa la direction du Centre dramatique de Normandie à Caen. Lacascade resta, Alloucherie partit prendre l'air du côté du cirque, à l'Ecole nationale de Chalon et au Québec. «C'est alors que je suis revenu d'où je venais.» Le bassin minier du Pas-de-Calais, le pays de son père.
Avec sa nouvelle compagnie H.V.D.Z (Hendrick Van Der Zee), il s'installe à demeure à la «fabrique théâtrale» du 11/19, travaille avec un groupe d'anciens mineurs. Dans la salle, Kader Baraka proteste : «Il n'y a pas de mineur maghrébin dans ton spectacle.» Alloucherie le met en scène dans J'm'excuse, où l'acteur amateur Kader raconte la vie de son père mineur. Un spectacle qu'on pouvait voir dans les cafés du Nord, dit p