Les Japonais de passage à Paris ne manquent jamais de faire un crochet par la petite boutique cachée au fond du passage Saint-Antoine, sûrs de dénicher quelques raretés, introuvables même au Japon. Bimbo Tower voit le jour en 1996 sur une idée de Benjamin Barouh, le fils de Pierre, créateur du label français indé Saravah, qui jouit d'un grand prestige au Japon. Boutique décalée, où la culture indé locale côtoie la scène underground japonaise, Bimbo fut l'un des premiers à mélanger futilités, bibelots kawaï, fanzines, mangas destroy et musique. Le seul à tenter le grand écart entre l'anal-core invendable des Sun Plexus (1) et le chaton mignon Hello Kitty.
Ne pas se laisser abuser par le cadre dérisoire et rigolo de Bimbo, la boutique est l'un des lieux les plus pointus de la capitale. Franq de Quengo, cofondateur du groupe Dragibus (2), reprend les rênes du magasin en 1999. Fin connaisseur de la scène expérimentale, il anime depuis 1992 l'émission Songs of Praise sur Radio Aligre, «consacré à tout ce qui est bruyant, bizarre, musiques indés, rock, noise». Il fait de Bimbo Tower LE lieu des musiques improvisées et expérimentales. «A l'époque, ce type de musique était très mal représenté à Paris, malgré une production abondante.» Les musiciens passent à la boutique, déposent leurs disques, petites éditions, autoproductions sur CDR, voire sur cassettes audio. «On trouve aussi beaucoup de 45 tours. En musique expérimentale, une face de vinyle, c'est plus écoutable qu'un CD entier»