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Libération
Critique

Emporté par la soul

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publié le 31 octobre 2003 à 1h37

Les plus belles pages de l'histoire du rock (Presley), du blues (Robert Johnson) et de la country (Charlie Rich) ont été écrites par Peter Guralnick. En attendant sa biographie définitive de Sam Cooke, impossible de rater ce très beau DVD, qui donne une idée du livre à venir, sur lequel il travaille depuis dix ans (se procurer aussi la version Allia ­ un peu fade, mais c'est mieux que rien ­ du Sweet Soul Music de Guralnick, considéré comme la bible de la musique soul du Sud profond).

Sam Cooke est à la musique noire ce que Presley était à la musique blanche : une star, un défricheur, un symbole sexuel, un révolutionnaire, un mythe jamais égalé. Beaucoup de ses imitateurs plus ou moins doués (Otis Redding, Curtis Mayfield, Marvin Gaye, Aaron Neville, Al Green) ont oublié de dire ce qu'ils devaient à celui qui a inventé la soul music.

Dans sa révolution tranquille, Sam Cooke est allé plus loin que Presley lui-même. Au lieu de perdre son temps dans des films pour midinettes, il a été le premier à fonder son propre label, SAR, qui est aussi ­ ce qui n'est pas rien ­ le premier label noir, précédant les choeurs et les cordes de Berry Gordy et Tamla Motown à Detroit. Tout ce que Cooke a chanté dans sa courte vie (y compris ses twists pour teenagers et ses cha-cha-cha pour ménagères) possède une pureté qui le place loin au-dessus des autres.

On retrouvera dans ce DVD, outre les témoignages et les souvenirs (drôles, émouvants ou même grivois) d'Aretha Franklin, Bobby Womack, Llyod Pri