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Libération

Fête et cause

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publié le 31 octobre 2003 à 1h37

Get Busy, de Sean Paul, constitue un parfait équivalent hit à la zone d'autonomie temporaire (TAZ), fameuse théorie du libertaire californien Hakim Bey (1). L'idée semble déplacée : le clip tourne sur MTV Europe. Il n'y est question que de bouger son cul («Just shake that booty non stop»). Donc moyennement politique a priori. Difficile de voir, dans cette ode ragga à Joanna, Annabella et Miss Kana kana, un «facteur social révolutionnaire», comme le dit joliment Hakim Bey. Et pourtant. Ce «Let's get it on» ne diffère guère, au fond, d'un «tous ensemble !» manifestant. «Se battre pour le droit à la fête», écrit Hakim Bey, n'est pas une parodie de la lutte radicale, mais une nouvelle manifestation de celle-ci, en accord avec une époque qui offre la télé et les téléphones comme moyens «de tendre la main et de toucher» d'autres êtres humains, comme moyens d'«Etre là !». Idée prégnante dans le clip. Dans le basement, ces caves où on s'agglutine à Londres ou New York, et où Sean Paul officie, la tension est à son comble. Tout le monde danse, du gros Black en blouson à capuche fourrée jusqu'au petit gosse jeté là au milieu. Soudain Sean Paul lâche le micro. Silence. Les murs tremblent. Les gouttes de sueur flottent, comme en suspension. Le proprio des lieux, un Noir à moustaches grises, vient de faire un scandale. Il veut arrêter la fête. Il s'indigne au micro. Si ca continue comme ça, «it's the last time... bla bla bla». Il intervient à trois reprises. A chaque fois, l'assistance f