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Libération
Critique

«2000 ans», odyssée sans souffle

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publié le 3 novembre 2003 à 1h41

Sur le plateau couvert de sable ocre, l'essentiel se passe à l'intérieur d'un large cercle que délimitent les flammes de chandelles jamais éteintes. Le fond de scène est un écran où flotte un soleil sombre.

On se rappelle que le cinéaste Med Hondo, de Mauritanie, eut du succès avec un film intitulé Soleil O en 1971. Mais que dire du spectacle qu'il met en scène à partir de la Guerre de 2 000 ans, de l'écrivain algérien Kateb Yacine ? Qu'à sa toute fin, le soleil crépusculaire y fait place à des effets pyrotechniques, tandis que sur fond sonore de chaos on vous simule la violence de la guerre à coups de projos dans les yeux ? L'auteur du mémorable roman Nedjma disait : « Toute séparation insidieuse entre Afrique blanche et Afrique noire est une imposture, car basée sur la race afin de diviser pour régner.» Vers la fin des années 60, rentré de son long exil, Kateb Yacine, tout en militant pour le berbère, s'était mis à écrire et à mettre en scène en arabe populaire (le tamazight) pour l'Action culturelle des travailleurs d'Alger. Ainsi composa-t-il vers la fin de sa vie la Guerre de 2 000 ans, dont Med Hondo mêle ici des ex traits à d'autres de Palestine trahie, pièce restée inachevée à la mort du poète en 1989.

Laurence Bourdil-Amrouche, à la fois en marge et au coeur de la troupe de quinze acteurs et actrices, figure ici «la voix de l'Histoire» : elle annonce et lance donc les vingt et une séquences composant cette fresque survolant les premières invasions de la «Berbérie», ré