Santiago du Chili envoyé spécial
Le premier théâtre construit au Chili depuis quatre-vingt-trois ans» : c'est Ernesto Ottone, le jeune directeur du Centro cultural Matucana 100, qui le dit. En ce soir d'octobre, Santiago inaugure une nouvelle salle, dans un pays où beaucoup de théâtres et de cinémas ont été soit détruits, soit transformés en supermarchés ou en temples pour sectes protestantes. Située dans le quartier de la gare centrale transformée elle aussi en galerie commerciale, faute de trains , l'avenue Matucana plonge vers les faubourgs populaires de Santiago. Dans les années 30, l'Etat avait cons truit là des entrepôts où stocker nourriture et matériel, en prévision des tremblements de terre.
Arche en bois. A l'intérieur de l'un de ces vastes bâtiments en briques, l'architecte Martin Hurtado a imaginé une très belle arche en bois, dont l'intérieur, avec un plateau de 18 mètres d'ouverture, rappelle en plus petit la salle de l'Opéra Bastille. Outre le nouveau théâtre de 600 places, Matucana 100 abrite plusieurs lieux d'exposition. Sur un mur, le plasticien Gonzalo Diaz a installé des dizaines d'inscriptions au néon rouge : «le néon est délire», «le néon est amnésie»... L'expo est ouverte vingt-quatre heures sur vingt-quatre et c'est aussi une première au Chili. Dans une cour attenante, une centaine de chaises attendent les spectateurs du cinéma en plein air ; à l'affiche, deux cycles: Hitchcock et Almodovar.
Longtemps, Matucana 100 a fonctionné, à l'initiative du mett