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Libération
Critique

«Via Kaboul», voyage musical en Asie centrale

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publié le 6 novembre 2003 à 1h44

envoyé spécial en Afghanistan et au Tadjikistan

Il est cinq heures, le bazar de Kandahar s'éveille. En musique. Le marchand de cassettes est le premier ouvert et, sans attendre, il fait crachoter sa box music à pleins tubes. On a beau être dans le fief des talibans, au sud-ouest du pays, la musique a eu tôt fait de reprendre ses droits : elle est partout. Au sortir de Kandahar, un jeune Pachtou monte dans un taxi jaune. Il s'assoit près du chauffeur, sort une cassette de sa poche et la glisse dans la radio cassette du véhicule. Au premier arrêt, il l'échangera contre une autre avec le propriétaire du café, plus prompt à écouter de la musique qu'à servir un thé vert.

Remonter les noyés. En Afghanistan, comme dans toute cette région du monde, la musique s'impose dans les mariages, les naissances, les rituels de circoncision ­ c'est l'heure du toy, un cycle de fêtes. Elle est aussi très présente, mais plus secrète, à l'heure du deuil. Pas un théâtre d'Asie centrale sans orchestre. Peter Levi, qui voyagea en Afghanistan avec Bruce Chatwin, entre dans un théâtre de Kunduz : «J'entendis des sonorités complexes et mélodieuses qui n'étaient pas sans rappeler un bourdonnement d'abeille.» Dans cette vieille ville du Nord, les talibans cassèrent les instruments des musiciens et les obligèrent à défiler dans la ville avec une pancarte au cou. Tout cela semble loin dans cette bourgade provinciale où la musique qui sourd des échoppes se marie aux grelots des chevaux. On entend parler d'un j