Depuis la création à la Feria de Nîmes (Libération du 22 mai), Philippe Caubère a fait la tournée des arènes. En septembre, il était à Arles, pour l'ouverture de la Feria du riz. Là même où, quatorze ans plus tôt, le torero Christian Montcouquiol, «Nimeño 2», fut projeté en l'air par le toro qui lui brisa la colonne vertébrale. Deux ans plus tard, «Nimeño 2», qui savait qu'il ne pourrait plus toréer, mit fin à ses jours.
En 1997, Alain Montcouquiol faisait paraître aux éditions Verdier Recouvre-le de lumière, témoignage sur la passion dévorante de son frère cadet. De ce récit, Caubère a fait à son tour sa Passion, récit d'une marche vers la mort qui est aussi un rite funéraire : tout au long de la représentation, des bougies sont allumées, jusqu'à former un cercle de lumières, comme si les âmes des morts veillaient sur les vivants. Dans les arènes d'Arles, ce soir de septembre, le mistral faisait vaciller les petites flammes tandis que Caubère, seul sur le sable, rendait hommage au disparu. Sur les gradins, une bonne partie des spectateurs étaient là le jour fatal de 1989 et les frissons n'étaient pas que de froid.
Avec l'automne, Caubère quitte les arènes pour les théâtres. En s'éloignant du plein air et d'un public d'aficionados, son spectacle perdra peut-être une partie de sa charge émotionnelle initiale, même si l'on peut faire confiance à l'acteur sur le plan de l'engagement.
Ce ne sont pas les habits du torero que Caubère endosse mais plutôt ceux du frère. Il est à la foi