Anthony Mann est un petit maître. C'est pour ça que Godard l'adore. Ce qu'ils filment le mieux, ces deux-là, ce sont les paysages. C'est même tout ce qu'ils savent filmer, les paysages.
Godard ?
Il a écrit de très belles choses sur l'Appât. Le personnage de Jean Seberg dans A bout de souffle ne vient pas de Bonjour tristesse, mais de l'Appât. Avec sa coupe de garçon manqué, Janet Leigh est craquante, tu ne trouves pas ?
Je suis d'accord.
Godard filme toujours les filles comme si c'était des garçons.
Il a un problème ?
Je ne connais pas sa libido. Les morts ne bandent pas, de toute façon, sauf avant de passer l'arme à gauche, au moment où on leur passe la corde au cou.
Et l'Homme de la plaine, c'est comment ?
C'est le dernier des cinq westerns d'Anthony Mann avec James Stewart. Le plus mou, le moins bon. Trop classique, trop timide. Le sadisme ne lui réussit pas, à Mann. Même en Scope couleurs (photo magnifique de Charles Lang), ce n'est pas son truc.
Il est trop vieux, peut-être.
Tu veux rire. Il n'a même pas 50 ans. Rappelle-toi que Mann a fait son premier film à 35 ans, et que chaque année, il en tournait au moins deux. L'Homme de l'Ouest (Gary Cooper, Julie London, Lee J. Cobb, tu connais mieux comme distribution ?), il ne le fera que trois ans plus tard.
C'est vrai que c'est sublime.
Il faudrait revoir le tout dernier Mann, A Dandy in Aspic. Il est mort pendant le tournage, et Laurence Harvey l'a remplacé.
C'est le film avec Mia Farrow ?
Oui. Elle était amo