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Libération

Saint Mario Kart

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publié le 7 novembre 2003 à 1h46

L'ami Mario n'est pas simplement immuable. Il incarne désormais une sorte de pureté sainte, une innocence d'ordre presque franciscain : dans un monde du jeu vidéo où triomphe le vice, il est celui qui parle aux oiseaux, prêche l'évangile du fun et vit dans la plus totale abstinence sexuelle ou toxicologique. Sa robe de bure, c'est bien sûr son éternel uniforme de plombier, symbole monacal contemporain qui signifie à quel point il se moque des apparences, des modes et des séductions factices. Lui, au moins, échappera toujours aux signalétiques infamantes du PEGI (Pan European Game Information) qui a inventé les six «descripteurs de contenus» de forme pictogrammatique qui pullulent désormais au verso des jaquettes. Chez Mario, depuis toujours comme dans le tout frais tout beau Mario Kart : Double Dash !!, on ne trouvera pas de «langage choquant» ni de «discrimination», pas de «drogue» ni de «contenu sexuel», pas de «violence» ni aucune «épouvante». Et néanmoins, qu'est-ce qu'on se marre... Attention cependant à ne pas se leurrer d'illusions vertueuses : d'un strict point de vue joueur, ce Mario Kart peut devenir une came définitive. On y voit à l'oeuvre la mécanique Nintendo dans toute sa diabolique splendeur : à la fois cet univers Mario balisé une fois pour toutes par l'alchimiste Shigeru Miyamoto mais aussi les principes du jeu de courses avec sa rude loi compétitive (coupes, championnats, déblocages de véhicules, équipages, etc.). Il ne suffit donc pas d'avancer dans le je