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Libération
Portrait

Simple comme Grcic

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publié le 7 novembre 2003 à 1h45

Des boutons, un encrier, une bobine... Voici le marabout de ficelles qu'affectionne Konstantin Grcic. Ces choses humbles, il les a sélectionnées pour scénographier en 1999 la collection Goethe à Rome. Parmi les 50 000 pièces accumulées par le poète, il n'a élu aucun objet précieux mais s'est identifié à un pupitre en bois, à une moufle. Ces petits riens pourraient dresser un autoportrait réducteur de ce designer allemand, né en 1965 à Munich. On peut enfoncer ce clou-là. Car Grcic est aussi attaché aux basiques de recoins, comme le seau H2O et la bassine 2 Hands en plastique (Authentics) et autres poubelles. Et il n'a pas son pareil pour vanter un vieux saladier en plastique, dont il apparente la patine à celle d'une vieille poterie, et à qui il accorde vie et mémoire.

«Design povera». Pas étonnant que l'on accole systématiquement les adjectifs «discret, sérieux, radical» à ce créateur qui «peindrait tout en gris». Son nom (prononcer Grichichte ?) paraît aussi compliqué que ses objets semblent simples. Semblent seulement. On n'imagine pas, face à son allure de premier de la classe du design européen, qu'il fit d'abord des études de menuisier en Grande-Bretagne. Il s'est retrouvé diplômé du Royal College of Art de Londres et assistant de Jasper Morrison. En cela, il est un peu Allemand-Anglais. En 1991, il installe son agence à Munich. Aujourd'hui affirmé de Milan à Cologne, il travaille principalement pour l'industrie, où son «design povera» s'est imposé. «Povera» ?

«J'aime le