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Libération
Critique

Les contes et légendes de John Sayles

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Au festival d'Amiens, hommage au franc-tireur du cinéma américain.
publié le 14 novembre 2003 à 1h53

Qui connaît John Sayles ? A vrai dire, pas grand monde. C'est le mérite de l'hommage rendu au cinéaste américain par le festival du film d'Amiens, la capitale picarde accueillant le réalisateur de Limbo et de Lone Star. Fossettes hautes, la cinquantaine, Sayles incarne le cinéaste indépendant par excellence, expérimentant une «autre Amérique», un «alter-cinéma», donnant à voir à contre-courant.

Il a fait ses armes aux côtés du producteur de B movies, Roger Corman, qui l'introduit dans son réseau et lui présente Joe Dante, pour qui il écrit les scénarios de Piranhas et de Hurlements. «Corman, se souvient Sayles, faisait ses films avec si peu, que j'ai pu apprendre à quel point, dans un film, on peut remplacer l'argent par l'inventivité.»

Son premier long métrage, écrit, réalisé et monté seul (comme pour tous ses films), retient la leçon : The Return of the Secaucus 7 ­ hommage au Nashville de Robert Altman ­ a été tourné avec un seul décor minimal et à peine trois costumes. John Sayles met aussi la main à la pâte en tant qu'acteur et c'est sa femme qui produit. Une économie d'effets spéciaux qu'il applique encore dans sa féerie irlandaise The Secret of Roan Inish, où il forge son style minimaliste : c'est l'image d'une femme qui mue, très simple, abandonnant sa peau de phoque, qui frappe bien plus que toutes les transformations du cinéma hollywoodien.

Sympathie. Suivent quatorze films, et un quinzième qu'il vient de terminer. Ils éveillent un fort degré de sympathie car ils pour