Ce sont les petits-enfants de Pierre Schaeffer, l'inventeur de la musique concrète. Non qu'ils aient biberonné à sa matière sonore, mais en ont plutôt redécouvert l'esprit. «Toute une génération de DJ's expérimentaux ou de musiciens électroniques venant d'un background "non savant" qui utilisent ses oeuvres et ses "objets sonores" (...) y trouvent une modernité absolue», écrit Philippe Franck, critique d'art très actif sur la scène techno bruxelloise. L'extrait est tiré d'un formidable objet, livre-CD-portforlio, intitulé Sons en mutation, qui tente la jonction «électro-contempo».
Ce premier volume d'une collection initiée par Musiques nouvelles, plus ancien ensemble contemporain belge, part du principe que les «nouveaux mondes sonores sont le résultat d'évolutions, de contaminations et de mutations toujours en cours» et étudie l'impact de ces «électr(s)ons libres» se jouant de la pop comme de la musique «savante». Ces mutations électrosoniques sont abordées par les deux extrêmes, de la théorie à la pratique : des philosophes et théoriciens de la musique (Bernard Stiegler, François Delalande), et des artistes (DJ Spooky, Scanner, David Shea, Sarkis). La surprise provient de l'écoute du CD audio, où les titres inédits des susnommés s'enchaînent, sans que le grand écart sonore imaginé ne se produise. Les Tak de Sarkis (comme le son d'un arbre qui tombe) concluent en beauté un univers rhizomatique bardé d'influences et de références.
Pour mieux comprendre que l'héritage de Pierre