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Libération
Critique

Sens en transe

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publié le 15 novembre 2003 à 1h53

Dans l'embrasure d'un espace laiteux qui va s'éclairant puis s'assombrissant selon d'infinies variations, le danseur Brice Leroux soumet notre perception à fascinante épreuve. Directe comme le titre (Drum-Solo), la musique répétitive de Steve Reich frappe sans relâche. Pas de déplacement, un mouvement des hanches, régulier, qui descend dans les jambes, genoux, et remonte, ondule, devient rapide, saccadé, et enfin gagne le torse, puis le haut du corps, les bras, confinant à la transe.

Le danseur paraît de plus en plus lointain, virtuel. A peine une silhouette, une spirale, une flamme qui danse, perd et regagne en énergie. Lorsqu'il fond dans le noir, l'image sem ble persister. Mais l'a-t-on jamais vue ? Lorsque le théâtre se rallume, tout s'évanouit. Ne reste qu'une feuille de papier. L'interprète ne revient pas. Drum-Solo est une expérience aussi puissante que brève.

Le Français Brice Leroux, qui a débuté chez Rosas au côté d'Ann Teresa de Keersmaker, explore l'écriture systémati que. Par le mouvement fortement lié à la musique, par son approche de l'espace et de la lumière ­ dont il signe ici la création. Chaque nouveau spectacle s'arrime au précédent. Gravitations-Quatuor, le dernier, au théâtre des Abbesses en décembre, s'inscrit dans cette recherche.

Do You Believe in Gravity ? Do You Trust the Pilot ? de Thomas Hauert n'est pas très loin de ces préoccupations. Là encore il s'agit de ce que l'on perçoit et de la manière dont l'autre intervient dans notre connaissance. L'art