La décentralisation parvient à un tournant symbolique : hier, une commission scientifique mise en place par Jean-Jacques Aillagon a estimé que l'Etat était en mesure de céder aux collectivités locales une bonne moitié des monuments nationaux dépendant du centre des monuments nationaux (Monum). En bon universitaire, son président, René Rémond, a livré une dissertation de philosophie politique, tout en nuances. Un de ses premiers mots en traduit la pensée : «Raisonnable».
Sur les 298 sites et monuments soumis à son appréciation, la commission souhaite que 136 édifices demeurent la propriété de l'Etat. 162 seraient donc susceptibles d'être transférés à leur commune, département ou région (1). Elle fait cependant la distinction entre ceux dont la remise aux collectivités lui apparaît «souhaitable» (78) et d'autres, dont le transfert serait simplement «possible» (84). Dans un seul cas, elle s'est divisée : celui du Haut-Koenigsbourg (lire p. 31).
Cathédrales. Les 87 cathédrales concordataires, comme Notre-Dame de Paris, Chartres ou Reims, sont hors concours, l'Etat, appuyé par l'Eglise, ayant fait savoir qu'il était hors de question de s'en dessaisir. Seule exception : celle d'Ajaccio a déjà été donnée à la Corse, ce qui a suscité la réprobation de la commission. Elle pense même que l'Etat devrait récupérer dans son giron certaines cathédrales, comme Laon ou Notre-Dame de Noyon, qui ont gardé une grande part de leur architecture des XIIe et XIIIe siècles. Le minist