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Libération
Critique

Thomas Fersen, raisonnablement fêlé

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Chanson. Sa cote de popularité se vérifie à la Cigale.
publié le 18 novembre 2003 à 1h56

Il est près de 23 heures et des grappes de spectateurs radieux, couples ou groupes d’amis entre deux âges, se dispersent sur les trottoirs de Pigalle. Le spectacle a été si agréable qu’on aimerait bien prolonger la soirée dans un des estaminets voisins, devant un verre ou deux. En même temps, pas question de faire des folies, on doit libérer la baby-sitter et ne pas se coucher trop tard, pour ne pas avoir l’air chiffonné demain matin, au bureau ou à l’agence. Alors, finalement, on décide de rentrer, à contre-coeur, mais pas trop non plus. Il faut savoir rester raisonnable.

Gratitude. Thomas Fersen a un public nickel. Complice et fidèle. Attentif et cordial. Prêt à sourire avant qu'il ait ouvert la bouche ; à se substituer spontanément à l'être disparu quand il s'agit de donner le change (la chanson Pièce montée... savoureux duo enregistré avec Marie Trintignant) ; à manifester sa gratitude au moment des rappels ; et puis, finalement, à enfiler sa veste les lumières à peine rallumées. Artiste comblé, en retrait du brouhaha médiatique, Fersen s'est constitué un solide fonds de commerce, à telle enseigne que l'assistance connaît tous ses airs sur le bout des lèvres et qu'on entend des murmures approbateurs dès l'identification du moindre extrait de ses disques précédents (Dugenou, les Papillons, les Malheurs du lion...).

C'est toutefois son cinquième et dernier album qui, conformément l'usage, forme l'épine dorsale du spectacle. Ce à quoi nul ne trouvera matière à redire, dans la