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Libération
Critique

Mahjoub Khalmous, porte-voix des gnawas

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publié le 19 novembre 2003 à 1h57

L'empire Songhaï, qui s'étendait du Mali au Sénégal, connut un octobre tragique en 1591, quand les troupes de l'empire chérifien du Maroc, commandées par le pacha Djouder, défirent l'armée africaine dont les souverains s'étaient convertis à l'islam dès le XIe siècle. Ishaq II tenta de récupérer son empire en échange de 100 000 pièces d'or et de 1 000 de ses sujets. Dès lors, le commerce négrier s'accéléra entre les deux Afriques. Parmi les captifs se trouvent des érudits, historiens, théologiens musulmans que les déportés ne vont pas oublier.

Descendant. Maâllem Mahjoub Khalmous est un de leurs descendants. Le maître gnawi (en concert vendredi) est au centre de la 7e édition des «Nuits du ramadan», qui se poursuit aujourd'hui avec la chanteuse algéroise Souad Massi et Daby Touré, leader du collectif Touré-Touré, issu de la branche mauritanienne du clan fondateur du groupe Touré Kunda, et demain avec l'élégant jazz électro-oriental du Libano-Parisien Toufic Farroukh.

Mahjoub a appris son art auprès des gnawa affiliés au palais royal. Il est, à 56 ans, l'une des meilleures sources pour faire connaître aux anthropologues l'héritage gnawi, de cette confrérie musicale ésotérique, cultivant un chant où s'entrecroisent arabe, berbère et mots bambaras. Mahjoub Khalmous est né en 1947 dans l'ex-quartier des esclaves de Marrakech. Dès son enfance, il réagit fortement au son du guembri, basse traditionnelle du rituel gnawi. Il quitte sa famille à 15 ans pour suivre la confrérie. Son prem