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Libération
Portrait

Quentin Tarantino, Billy The Kill

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Sale gosse surdoué du cinéma américain, il cuisine en expert des flopées de références, kung-fu, «Urgences» et western-spaghetti à la sauce Godard.
(Bruno Charoy)
publié le 20 novembre 2003 à 1h58

Paru en dernière page de «Libération» le 20 novembre 2003.

C’est curieux comme Quentin Tarantino peut manier la référence – son fonds de commerce –­ avec plus ou moins de dextérité. Quand il parle, à la cadence d’un pilonnage d’artillerie, les mots lui viennent avec une précision déroutante. Il ne bute jamais sur un nom, un titre de film ou de chanson. Une sorte d’hypermnésie chronique qui balade son interlocuteur d’une scène d’A bout de souffle «of Jain-Louk Gowdawr» jusqu’aux plus obscurs nanars hongkongais.

Quand il s’habille, en revanche, c’est une autre musique. Pour la promo de son film, Kill Bill, il arbore un jogging atroce et une paire de tatanes jaune citron, exacte réplique des chaussures d’Uma Thurman dans le film. Clin d’œil lourdingue ou contrat juteux avec le riche équipementier ? Peu importe au fond, Tarantino adore se vautrer dans l’univers de ses propres références, jusqu’à l’autoparodie. C’est même avec cette astuce récurrente qu’il a acquis ce statut rare de réalisateur star, tout en assumant aussi celui de «geek», individu bizarre, sorte de surdoué à l’allure ringarde selon la définition du romancier américain Jerome Charyn. En tout cas, il est en osmose avec ses admirateurs qui avalent sans ciller toutes ses coquetteries, depuis le prologue du générique de Kill Bill, où un écran annonce sans rire «Le 4e film de Tarantino !» jusqu’au pari gonflé que le film soit distribué en deux épisodes.

En un peu plus de dix ans,