Acteur et metteur en scène exigeant, Yann-Joël Collin, 38 ans, a été durablement marqué par son apprentissage auprès de Didier-Georges Gabily. Un maître selon lui, à l'égal d'Antoine Vitez, dont il a suivi ensuite l'enseignement à Chaillot.
«Violences» est un spectacle fondateur, pouvez-vous rappeler en quoi ?
L'histoire est d'abord celle, humaine, du groupe qui s'était formé autour de Gabily. Je l'ai rencontré en 1984 au Mans. Jean-François Sivadier, Marc Bodnar, Alexandra Scicluna et Catherine Baugué étaient déjà là. Il voulait monter l'Echange de Claudel dans un garage et m'a demandé d'être son assistant. Il y a eu très peu de spectateurs, mais c'était tellement intense et passionnel qu'on avait l'impression de pouvoir changer le monde. Didier avait cet engagement-là. Après un stage sur l'Orestie, nous lui avons demandé de nous écrire une pièce... Il nous écrivait déjà des dialogues d'exercice. Son écriture n'était pas détachée du travail avec les acteurs, elle se nourrissait de la respiration du plateau, y compris pour ses romans. C'est donc avec Violences qu'est né le groupe T'Chan'G, ce qui ne veut rien dire (Tchang est l'ami de Tintin dans Tintin au Tibet), sauf le «T'» qui renvoie à théâtre et le «G'» à Gabily. Parfois, le soir après l'atelier, on venait lire directement sur son écran. Quand il nous donnait les pages écrites pour nous, c'était au-delà du cadeau! Aujourd'hui, j'entends dire: «on dirait que cela a été écrit pour eux», en parlant des jeunes acteurs du TNS