Certes, Serse de Haendel n'est pas aussi réussi que Giulio Cesare. Mais l'oeuvre est rarement montée, et a été très peu enregistrée. Drame de cour, structuré par la duplicité amoureuse, Serse s'inspire de l'opéra vénitien avec son mélange de tragique et de bouffonnerie et annonce le Mozart de Cosi fan tutte (pour la présence de personnages symétriques), Don Giovanni (Elviro, précurseur de Leoporello) et des Noces de Figaro. Tout cela pour dire que, si Gilbert Deflo, qui signe cette nouvelle production, n'est pas au niveau du maître Strehler, sa scénographie à l'italienne, avec coulisses et lanterne magique, n'est pas un contre-sens. Et, dans ce cadre où costumes et décors rivalisent de couleurs tendres, l'oeuvre éclectique de Haendel prend sa dimension de divertissement. Dans la fosse, William Christie semble attentif à creuser les contrastes dynamiques, tout en contenant la ligne.
Alerte, serrée juste ce qu'il faut, sa baguette n'empêchait pas les couacs de certains pupitres, ni la mezzo Silvia Tro Santafé de chanter devant le temps, mais la transparence et l'unité de l'ensemble ne manquaient pas de beauté. Le casting vocal offrait quelques motifs de satisfaction. Dans le rôle d'Arsamène, le contre-ténor américain Lawrence Zazzo sopranise avec moins de finesse qu'un David Daniels, mais il est doté d'un volume vocal bien supérieur, et d'un timbre rayonnant. Plus sonore qu'une Bartoli, Silvia Tro Santafé est hélas moins subtile et profonde.
Reste les sopranos Sandrine Piau et E