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Libération
Enquête

Le luxe sur grand écrin

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Pure folie ou besoin de lifting, les marques haut de gamme font appel aux designers pour transformer leurs magasins en petits palais. Entre vitrine internationale et publicité gandeur nature.
publié le 21 novembre 2003 à 1h59

En octobre, le changement d'adresse de la cristallerie Baccarat a fait beaucoup d'éclats. L'entreprise venait de s'offrir un «palais de cristal» place des Etats-Unis, dans le XVIe arrondissement parisien, et quittait le charme désuet de la rue de Paradis où elle était nichée depuis 1832. Pas de signes exubérants sur la façade de cet hôtel particulier qui fut habité par Marie-Laure et Charles de Noailles dans les années 20. A l'intérieur, tout explose : carte blanche a été donnée à Philippe Starck pour y aménager une folle demeure. Dès l'entrée, exaltation du savoir-faire de la cristallerie et convocation des artistes qui ont hanté le lieu : Cocteau surtout. On virevolte de la salle à manger-boutique à la galerie-musée, de minisalons en escaliers scénographiés, du restaurant à la salle de bal... Dans un miroir permanent de cristal, dans une mise en abyme. Starck a démultiplié «les impossibilités visuelles, les aberrations optiques», en s'appuyant sur la légende de ce cénacle artistique moderniste et sur la mémoire princière de Baccarat. Pour «créer un pétillement qui rappelle à la fois le cristal, le champagne et les hôtels de luxe» ­ la maison Baccarat est soutenue par le groupe Taittinger ­, Starck diffracte la lumière d'un lustre dans l'eau d'un aquarium, manipule les changements d'échelle, organise différents «jeux mentaux» avec des objets évoquant les légendaires clients que furent la cour de Russie ou les maharadjahs du Rajasthan. Les murs intérieurs du bâtiment ont été