Plusieurs grands antiquaires parisiens se retrouvent impliqués dans une instruction judiciaire ouverte pour «faux et usage de faux». La juge Christine Mary a notamment convoqué l'un des grands marchands du faubourg Saint-Honoré, Jacques Perrin, à titre de témoin assisté. L'affaire démarre il y a un peu plus d'un an, à la Biennale des antiquaires. Le comité d'experts, qui vérifie les objets présentés, demande à Camille Bürgi de retirer un secrétaire acajou de la fin du XVIIIe siècle aux bronzes un peu étranges. Bürgi est un outsider qui, depuis longtemps, veut frayer dans la cour des grands. Il s'exécute sans mot dire.
Peu après, il reconnaît son secrétaire sur un catalogue dans lequel Jean-Marie Rossi présente les cinquante plus beaux meubles de sa carrière. Grand seigneur, respecté dans la profession, ce dernier avait en effet acheté ce meuble en 1973 aux enchères, pour 420 000 francs (aujourd'hui, environ 300 000 euros), avant de le revendre, comme «travail étranger» (1). Le secrétaire a changé plusieurs fois de mains avant de revenir à Camille Bürgi. Entre-temps, il a perdu le haut de sa garniture en bronze, les autres parties ayant été remontées.
«Provocation». En mars dernier, Camille Bürgi représente donc son secrétaire, légitimé par la publication de son confrère, au Pavillon des antiquaires qui se tient aux Tuileries. L'apparition du meuble ne passe pas inaperçue. Jacques Perrin parle de «provocation». Son fils Patrick, organisateur du salon, s'insurge : il ne veut pas