Nul artiste ne peut se flatter de posséder autant de musées que Pablo Picasso: quatre, outre les ensembles du MoMA et des MAM de Paris et Madrid. Le premier musée «pur Picasso» a ouvert à Antibes dès 1949, Barcelone a suivi en 1963, presque clandestinement pour cause de franquisme régnant. Enfin, en 1985, l'Hôtel Salé a reçu la part revenant à l'Etat français dans la copieuse succession Picasso. Des principaux lieux hantés par le peintre, ne manquait à l'honorer que sa ville natale, Malaga. Cette lacune est réparée; depuis fin octobre, le port andalou vit sous le signe du «retour» du prodige.
Fonds embryonnaire. Pour cela, on a aménagé un ancien palais, au nom prédestiné de Buenavista, à deux pas de la cathédrale de style renaissant et légèrement barjo. L'architecte américain Richard Gluckman, dont ce n'est pas le coup d'essai muséal, y a taillé un lieu d'exposition spacieux et sobre, à la fois respectueux du cadre existant et parfaitement moderne. Les oeuvres ont toute la place qu'il leur faut pour respirer sans être jamais écrasées par la monumentalité des cimaises.
Pour la réussite de ce musée, il était impératif qu'il offre un cadre exceptionnel donnant envie de venir non seulement aux visiteurs mais aux prêteurs. Car le fonds seul du musée, encore embryonnaire, ne suffira pas à faire prospérer l'institution. Pour cela, elle devra compter sur des expositions temporaires à charge, pour ses responsables, de se faire une place dans ce qui est presque devenu