Il y a encore du boulot, mais, indéniablement, le regard que porte la société sur le jeu vidéo évolue doucement. En bien comme en mal, d'ailleurs, puisqu'on peut noter autant de signes qui militent en faveur de son affirmation culturelle (exemple : l'actuel et recommandable numéro spécial de Chronic'art bâti autour du thème «La vie est un jeu») que de signes de crispation à son encontre (exemple : l'activisme puritain autour de titres malpolis et la multiplication des avis d'interdiction au dos des jaquettes). Parmi les bonnes nouvelles, il faut compter cet événement impalpable mais sans doute déterminant pour l'avenir : l'assimilation conceptuelle du jeu vidéo à la pop culture digitale contemporaine.
Bien sûr, n'effrayons pas les gamers, le jeu vidéo reste un jeu. Mais ce n'est plus strictement un loisir, un divertissement ou une activité exclusivement ludique. C'est aussi, et de plus en plus nettement, un territoire privilégié de l'expression formelle moderne, et même temps que le creuset mondial et commun d'une culture électronique balbutiante.
Classer le jeu vidéo au rayon de la «pop culture digitale» n'est pas simplement commode d'un point de vue intellectuel, c'est aussi un moyen de lui faire une place au milieu des autres grands acteurs du temps, de le rattacher au continuum du monde, d'abolir par conséquent les distances et frontières qui, depuis trente ans, en font un vilain petit canard exilé au-delà des sphères de la légitimation et de la reconnaissance.
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