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Libération
Critique

Bloodbonus la rage dedans

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publié le 28 novembre 2003 à 2h04

L'interactivité, c'est éteins ton ordinateur et sors dehors.» Le propos, radical, émane d'un certain Lokiss, dont l'activisme en ligne est pourtant des plus féroces qui soient. «Enervor» lui conviendrait mieux comme nom de scène, tant l'homme, designer de son état, oeuvrant dans l'«alimentaire», est remonté comme un coucou. D'ailleurs, la première connexion sur Bloodbonus n'est pas sans danger pour les oreilles : le son explose les tympans, voilà l'internaute prévenu, il entre en zone dangereuse. Derrière le «COME» (en rouge sur fond rouge), des mots en vrac (et en anglais, Internet nation oblige), les diverses «versions du suicide» : «fanatisme politique», «idolâtrie familiale», «meurtre religieux», «abstinence sociale», «conformisme sensuel» et «auto-misère». Les mots, les sons, les images sont des armes. Certes non léthales et encore insuffisamment efficaces d'après Lokiss, qui reste «frustré» par l'ordinateur. Malgré quatre ans de pratique intensive, malgré sa maîtrise évidente des codes du réseau (informatiques et sociaux) et le brio dingue qu'il met dans ses créations impatientes.

Guérilla. «Je me sens en deçà des possibilités et de l'implication ressentie dans d'autres formes d'expression, dit-il, la difficulté étant évidemment de connecter quelques idées sociales et une "écriture".» L'ordinateur qui «glace tout» lui est quand même bien utile pour faire son chemin d'artiste, entre webdesign militant et streetart revisité pour le on line. Il confesse volontiers avoir «p