Le pied lourd, ce conducteur est flashé sur l'autoroute à Courcouronnes, près d'Evry, à 118 km/h. La limite est à 110. La «retenue après application de la marge technique» (la marge d'erreur de l'appareil) réduit la vitesse coupable à 112. La machine conserve une faiblesse. Pour peu de temps : la «marge» sera de plus en plus réduite. Bientôt, la machine aura l'élégante et impitoyable précision du Terminator. Elle n'a déjà plus d'arbitre. Elle n'aura plus ni tolérance, ni souplesse. Elle sera parfaite dans un monde qui l'est moins : la vertu automatisée. Il y a aujourd'hui 70 radars fixes et 30 radars volants ; dans trois ans, ils seront mille ; dans dix, ils seront peut-être partout. La menace des flashs servira d'oeil et d'ombre aux petits Caïn que nous sommes. Cinq jours plus tard, le conducteur de Courcouronnes reçoit une amende de 135 euros et perd un point de permis. Le tout est centralisé à Lille ce qui explique la réapparition, d'un bout à l'autre de la France, des mêmes patronymes d'enquêteur. L'amende est elle-même civique : si on paie dans les sept jours, elle ne coûte que 90 euros. C'est comme les 5 % de ristourne sur les produits nouveaux si on les achète vite ; les Pléiade, par exemple. La mesure favorise, comme d'habitude, les riches : les pauvres ont rarement 90 euros à dépenser sur-le-champ. Mieux vaut pour eux se faire flasher en début de mois. Ou vivre à crédit l'écart de conduite : s'endetter sur ses vices (et la vitesse en est un). Dans une société libé
Dans la même rubrique